Comment notre objectif a saisi pour
vous quelques aspects d’une micro-société provisoire.
Chaque jour, ouvertement
et par le biais de signes aussi divers que variés, on nous fait des
confidences ; nos yeux et nos oreilles peuvent s’entraîner à les comprendre
sans préjugé ni contrainte. L’homme possède cette capacité de déchiffrer
lui-même les signes comme il lui plaît. D’où la tentation d’élaborer
son propre langage, sur lequel personne n’aura de prise. Idiolecte
constitué notamment par l’introduction de fragments de réalités préalablement
capturés.
Pourquoi MAGNETIC n’est pas définissable
?
C’est qu’il n’est d’abord
rien. Il ne sera qu’ensuite et il sera tel qu’il se sera fait. Il
ne peut que suggérer, évoquer, indiquer certaines caractéristiques,
au delà des règlements du beau et de son contrôle. Il ne peut être
défini ni par la technologie, ni par l’anti-technologie. Si les mots
sont un moyen d’exploration de soi-même, un élément de connaissance,
il est impossible de leur faire confiance, chaque mot est mensonge.
Seul demeure le plaisir de les faire crépiter, plaisir pervers et
onaniste qui n’est pas sans danger puisqu’ils se retournent contre
leurs émetteurs. MAGNETIC est peut-être une intensification, un surplus,
un excès. Et si chacun dit le contraire, c’est parce qu’il a raison.
Ce n’est, de toutes manières, pas pour les avortons qui aiment encore
leur nombril. Pour ces raisons s’est établi notre pensionnat de souteneurs
de poètes. Ainsi nous venons encore une fois recommencer. Et vous
êtes tous des idiots!
Comment la présence peut-elle se faire
ressentir dans ou à travers la représentation ?
MAGNETIC, par le biais
des organes auditifs, vocaux, visuels, tente à nouveau de représenter
l’âme, l’individualité, la subjectivité, dans son odyssée parmi ses
compagnons démoniaques.
Nous traitons de la valeur
des sons, des images et de tous les autres registres de signes combinés.
Les bruits, ainsi qu’une multitude d’autres signes, forment le fond
: l’inarticulé, le fatal, le décisif. Nous mettons en évidence la
disparition de l’homme dans les processus mécaniques, électroniques
et Magnetic... Dans un raccourci typique, nous montrons le conflit
entre la Vox humana et le monde menaçant qui l’utilise, la pervertit
pour finalement la détruire. Un monde dont le rythme et le bruit sont
inéluctables, carapaces du cerveau gratuites* .
Sur chaque noeud de chaque
machine il y a le nez d’un nouveau-né. Et nous sommes tous des idiots
!
En quoi consisterait l’acte positif
?
Il ne peut, à priori, y
avoir de « bien », puisqu’il n’y a pas de conscience infinie et parfaite
pour le penser. Choisir d’être ceci ou cela, c’est en même temps affirmer
la valeur de notre choix, car nous ne pouvons jamais choisir le «
mal » ; ce que nous choisissons c’est toujours le « bien ». Vous êtes
libres, choisissez. C’est-à-dire inventez. Le sentiment se construit
par les actes que l’on fait. De tels moments donnent forme et sens
à la totalité d’une vie. La diversité est divertissante. Chaque chose
peut inspirer un intérêt calme, une heureuse prédisposition qui est
précisément le contraire de l’ennui. Les Apaches du vieux consensus
doivent continuer, dans l’allégresse, à pratiquer massivement la destruction
créatrice.
Qui voudrait remplacer la représentation
par la présence ?
Voilà de quoi pleurer le
rien qui s’appelle rien. J’ai balayé la maladie en douane. Je puis
avouer mes fautes, mais pas les rendre plus graves par ma lâcheté.
Je paye le prix d’un réabonnement à l’amour en Celluloïd ; celui là
même qui grince en moi comme une porte métallique trop longtemps close.
Tout cela dura un long temps, ou un temps bref, car à dire vrai, il
n’est sur terre pour de telles choses aucun temps. La clef de cette
selfcleptomanie ne fonctionne qu’à l’huile crépusculaire.Et je suis
vraiment un idiot!
DAY-GLOFF BONZINI.
.07/99.